Qui connaît les pamphlets antisémites de L.-F. Céline?
Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), ici après son procès en 1950. (©ECLAIR MONDIAL/SIPA)
Au moment où il est question de la réédition des pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline, voici un extrait des premières lignes de Dissolution, mon premier roman publié, dont le point de départ est une indignation. Quand la petite histoire est confrontée à l'Histoire...
«Mes recherches universitaires ont occupé mon esprit et accaparé mes pensées durant trois années de mon existence ; pendant cette longue période, je me suis consacré exclusivement aux délires antisémites de Louis-Ferdinand Céline, une recherche dirigée par Henri Godard, l’exégète de l’architexte célinien dans La Pléïade, le Sisyphe des relations transtextuelles de l’écrivain victime d’un antisémitisme frénétique, un homme proche des milieux collaborationnistes et que Julien Gracq admirait pourtant dans une revue de 1965 pour «son usage très judicieux de la langue parlée» («ordurière» disaient mes professeurs de Paris 7 ), un antisémitisme malade comme on peut lire dans une lettre au Docteur W. Strauss datée de 1937 « je suis l’ennemi numéro 1 des juifs» ; ma soutenance de thèse a beaucoup impressionné le jury présidé par Pascal Fouché, le fameux auteur de la Correspondance de Céline, publié chez Gallimard, sous le titre Lettres à la NRF, 1931-1961 ; durant ces trois années, je n’ai vécu qu’à travers les écrits de cet homme qui se présentait comme un «ami d’Hitler» ; combien de fois ai-je vomi le fiel nazi de L’école des cadavres publié en 1938?», Dissolution, extrait, Cohen Solal
L'Histoire nous rappelle combien le travail de construction de la pensée historique (questionnement et interprétation des sources) et de la conscience historique (sentiment d'appartenance à l'histoire humaine) est important.