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Divagations et Dédales : Les Chroniques d'un Rêveur Improbable

Photo du rédacteur: jeanmichelcohensolaljeanmichelcohensolal

Dernière mise à jour : 30 juin 2024

Hôte, sois le bienvenu ! Accompagne-moi dans un voyage à travers mes rêveries et errances littéraires et musicales, un recueil d'anecdotes et de réflexions tirées de ma vie, et des souvenirs précieux. Je sais que les histoires, qu'elles soient grandes ou petites, ont le pouvoir de nous rapprocher, de nous faire réfléchir et de nous émouvoir. Chacun de nous porte en soi un trésor de souvenirs et de réflexions qui méritent d'être partagés. En vous racontant les bribes de ma vie, mes rêveries et mes errances, j'espère éveiller en vous des échos, des souvenirs et des émotions qui résonneront avec votre propre parcours. Je vous invite donc à me suivre dans cette aventure, à travers les méandres de ma mémoire et de mon quotidien. Ensemble, partons à la découverte de ces instants fugaces qui font la richesse de nos vies, de ces réflexions profondes qui nous ancrent dans l'essentiel, et de ces rêves qui nous transportent au-delà du réel.

Nous plongerons dans les pages des livres qui ont nourri mon imagination, des chefs-d'œuvre intemporels aux trésors cachés, chaque lecture ayant laissé une empreinte indélébile sur mon esprit. Vous découvrirez comment certains films ont éveillé en moi des émotions profondes et durables, et comment des morceaux de musique ont accompagné mes jours et mes nuits, résonnant comme la bande sonore de ma vie.

Mais ce voyage ne se limitera pas aux souvenirs. Je partagerai également des réflexions contemporaines, issues de mes observations quotidiennes et de mes rencontres, offrant une perspective personnelle sur le monde qui nous entoure. Nous discuterons de philosophie, de littérature, de cinéma, de musique et bien plus encore, dans un dialogue ouvert et enrichissant.

Rejoignez-moi dans cette aventure, où chaque récit sera une invitation à la réflexion, chaque souvenir une fenêtre ouverte sur un moment d'émotion, et chaque réflexion une incitation à penser autrement. Ensemble, nous créerons un espace de partage et de complicité, où les mots et les idées pourront librement se rencontrer et se transformer.

Je vous remercie de votre présence et de votre curiosité, et j'espère que ce voyage à travers mes rêveries et errances vous inspirera autant qu'il me passionne à le partager avec vous.

Avec toute mon amitié,

Jean-Michel Cohen-Solal






Le ballon rouge, compagnon de mon éveil littéraire parisien

 

L'on ne devient pas un lecteur passionné en une semaine, un mois ou même une année. L'amour véritable pour la littérature exige des attentes, parfois des obstacles, souvent des conflits d’interprétations, notamment avec des textes résistants, mais aussi de la fatigue, des moments de désillusion et des expériences littéraires difficiles. Au final, il faut une longue immersion dans les livres pour que cela devienne un véritable amour qui commence quand l'enthousiasme initial pour chaque nouvelle page s'estompe, que les dialogues deviennent plus silencieux et que le désir de plonger dans les profondeurs des histoires augmente. On ne peut pas dire qu'on aime la littérature en restant à la surface des mots ; il faut plonger dans les chapitres complexes, être secoué par les rebondissements inattendus, goûter à la douleur des personnages, se heurter à des passages obscurs, voir la noirceur des thèmes cachés, être intrigué par ces zones de résistance…Et quand on referme le livre, on le voit différemment, car on a touché à ses imperfections, vu ses ténèbres et connu ses tourments.


Depuis l'enfance, mon parcours a été jalonné de découvertes littéraires. Cette photo de moi enfant symbolise le point de départ de cette aventure littéraire, elle avait été prise par ma mère avec une tendresse et une délicatesse qui me touchent encore aujourd'hui. Elle me rappelle particulièrement la période où nous venions d'emménager dans notre nouvel appartement à Paris. Il y avait un bouquiniste situé à quelques pas de notre immeuble rue de la Grange-aux-Belles, une figure emblématique du quartier. Son échoppe, un petit local aux étagères surchargées et aux piles de livres s'entassant jusque sur le sol, dégageait une odeur enivrante de papier jauni et de cuir ancien. L'homme qui tenait la boutique, Monsieur Duval, était capable de dénicher n'importe quel livre. C’était un homme d'un certain âge, toujours vêtu d'un gilet de laine et d'une écharpe. Ses lunettes rondes, posées au bout de son nez, lui donnaient un air savant et bienveillant, et, ses yeux derrière ses vieux carreaux reflétaient une intelligence vive et une passion inextinguible pour les livres. Il semblait connaître chaque ouvrage de sa boutique par cœur, ainsi que l'histoire de chaque auteur. Sa boutique était un véritable labyrinthe littéraire!

Des étagères encombrées de livres de toutes tailles et de toutes époques se dressaient jusqu'au plafond, laissant à peine de la place pour se faufiler entre elles. Pourtant, malgré ce désordre apparent, Monsieur Duval savait exactement où trouver chaque livre. Il suffisait de lui demander un titre, et il partait dans les méandres de sa boutique, revenant toujours avec l'ouvrage désiré.

Monsieur Duval possédait un charme presque mystique, une aura envoûtante qui enveloppait quiconque franchissait le seuil de sa boutique. Sa voix douce et mélodieuse résonnait comme un murmure secret entre les murs couverts de livres, ajoutant une dimension quasi magique à chaque conversation. On disait qu'il avait la capacité de deviner les goûts littéraires de ses clients rien qu'en les regardant, comme s'il lisait dans leur âme les pages de leur propre histoire.

Parfois, à la tombée de la nuit, des lueurs étranges semblaient danser à travers les vitres de la boutique, et il se murmurait que Monsieur Duval y entretenait des dialogues silencieux avec les esprits des auteurs disparus. Des clients racontaient avoir trouvé des ouvrages oubliés depuis des siècles, des livres qu'on croyait perdus à jamais, surgissant mystérieusement des étagères sous la main experte de Monsieur Duval. Son regard perçant, derrière ses lunettes, paraissait percer le voile du temps, comme s'il avait vécu mille vies à travers les pages de ses livres. Les enfants du quartier le surnommaient parfois le magicien des livres, convaincus qu'il possédait des pouvoirs surnaturels. Et peut-être avaient-ils raison, car il semblait que sous ses mains, chaque livre s'animait d'une vie propre, chaque page chuchotait des secrets oubliés, et chaque couverture ouvrait une porte vers un autre monde. Ainsi, Monsieur Duval n'était pas seulement un bouquiniste ; il était le gardien d'un royaume de papier et d'encre, un enchanteur dont la magie résidait dans les mots et les histoires qu'il faisait revivre. Sa boutique, lieu de mystères et de découvertes, attirait les âmes curieuses et les esprits rêveurs, offrant à chacun une part d'éternité littéraire.

Lorsque je fus en âge de faire mes propres choix « littéraires », je lui ai demandé un livre dont ma mère m'avait parlé, un vieux conte des années 70 intitulé Le Ballon Rouge de Lamorisse. Monsieur Duval m'avait regardé avec un sourire énigmatique, puis s'était dirigé vers une étagère au fond de la boutique. Après de longues minutes de recherche méticuleuse, il était revenu avec un exemplaire de ce précieux livre. « Voici, mon jeune ami, un trésor de l'enfance », avait-il dit en me tendant le livre, son sourire illuminant son visage. Et, ce livre allait bientôt jouer un rôle central dans ma jeune vie. En plongeant dans l'histoire de ce ballon rouge, je fus immédiatement fasciné par le lien mystérieux et indéfectible entre le petit garçon, Pascal, et son ballon rouge. Ce ballon semblait avoir une vie propre, une volonté qui le guidait à travers les rues de Paris, partageant les joies et les peines de Pascal. Comme lui, j'ai commencé à voir mon propre ballon rouge comme un compagnon fidèle, une présence silencieuse mais rassurante dans mes aventures quotidiennes, et, chaque jour après l'école, je me rendais au parc voisin avec mon ballon, imaginant qu'il était doué d'une conscience et d'un esprit bienveillant, tout comme celui de Pascal. Nous nous promenions ensemble, et je m'amusais à le lancer en l'air, observant ses mouvements gracieux et imprévisibles. Ce ballon devint pour moi un symbole de liberté et de fantaisie, un lien tangible avec les rêves et les imaginaires enfantins.

Un jour, alors que le crépuscule s'installait doucement sur le parc, une lueur étrange enveloppa soudain mon ballon rouge. Il semblait briller d'une lumière intérieure, comme s'il était habité par une énergie mystérieuse. Émerveillé, je le suivis des yeux tandis qu'il flottait dans les airs, défiant les lois de la gravité avec une grâce presque surnaturelle. Le ballon s'éleva lentement, et je ressentis un frisson parcourir mon échine, une sensation à la fois étrange et réconfortante. À cet instant précis, le parc tout entier sembla se transformer. Les ombres des arbres dansaient comme des esprits bienveillants, et les murmures du vent prenaient la forme de mélodies enchantées. Mon ballon rouge, maintenant devenu une sorte de guide lumineux, m'invita à le suivre. Je courus après lui, franchissant les sentiers familiers du parc qui prenaient des allures de sentiers enchantés. Alors que la nuit tombait, le ballon m'emmena jusqu'à une clairière cachée, un endroit que je n'avais jamais remarqué auparavant. Au centre de cette clairière, une petite fontaine en pierre émettait un doux clapotis, et l'eau semblait scintiller sous la lumière du ballon rouge. Je m'approchai, fasciné, et je vis mon reflet dans l'eau. À ma grande surprise, ce n'était pas mon visage habituel que je voyais, mais celui d'un petit garçon aux yeux pleins de rêves, comme Pascal dans l'histoire. Le ballon rouge se posa délicatement sur la surface de l'eau, créant des ondulations qui semblaient danser en harmonie avec les battements de mon cœur. J'eus alors la sensation que le temps s'était arrêté, que j'étais plongé dans un monde entre réalité et fantaisie, où tout était possible. Les étoiles au-dessus de moi brillaient d'une intensité nouvelle, et il me semblait entendre des rires lointains, comme des échos d'enfance. C'était un moment de pure magie, où la frontière entre le rêve et la réalité s'effaçait, où l'imagination prenait le pas sur le quotidien. Je sus alors que ce ballon rouge, tout comme le livre de Monsieur Duval, avait le pouvoir de me transporter dans des univers extraordinaires, de me faire vivre des aventures fantastiques, tout en me rappelant l'importance de préserver cette part d'enfance, ce lien avec les rêves et les espoirs qui habitent chaque cœur. En quittant la clairière cette nuit-là, je gardai en moi la certitude que certaines histoires ont le pouvoir de transformer notre perception du monde, de nous ouvrir des portes vers des royaumes insoupçonnés. Et, chaque fois que je revenais chez Monsieur Duval, je retrouvais un peu de cette magie, un peu de cette lumière qui continuait de briller en moi, guidé par la bienveillance et la sagesse de ce gardien des livres et des rêves.

Notre relation avec les objets de notre enfance, comme ce ballon, transcende souvent leur simple existence matérielle. Ils deviennent les gardiens de nos souvenirs, les témoins silencieux de notre développement et de nos explorations. Le ballon rouge de Lamorisse, par son enchantement simple et poignant, m'a appris à voir la magie dans les petites choses de la vie, à apprécier les moments de pureté et d'émerveillement. Il devint un compagnon de jeu mais aussi un confident silencieux, un témoin des petites et grandes découvertes de mon enfance. Grâce à lui, j'ai appris l'importance de l'imagination et de la fidélité des rêves, des leçons précieuses qui continuent de résonner en moi aujourd'hui.

Mais Monsieur Duval ne se contentait pas de vendre des livres. Chaque visite chez lui était une leçon de littérature et une plongée dans des mondes inconnus. Il prenait le temps de connaître tous ses clients, surtout les jeunes lecteurs comme moi, qu'il encourageait avec une patience et une bienveillance rares. Pour moi, ces visites furent des moments magiques, à jamais graves dans ma mémoire. Sa boutique était un sanctuaire de la littérature, un lieu où chaque livre racontait une histoire bien au-delà de ses pages imprimées. C’est aussi grâce à lui que j'ai découvert des œuvres qui ont marqué mon enfance et qui continuent de résonner en moi encore aujourd'hui.

Ma mère et moi avions instauré un rituel du soir qui devint rapidement sacré. Elle me lisait des histoires avant de me coucher, sa voix douce et mélodieuse transformant chaque mot en une aventure captivante. Une des histoires qui me marqua particulièrement fut « Le Petit Nicolas » de René Goscinny et Jean-Jacques Sempé, publiée dans les années 60. Je me souviens encore de l'éclat de rire qui accompagnait chaque récit des mésaventures de Nicolas et de ses amis. Ma mère incarnait chaque personnage avec tant de vivacité que j'avais l'impression de voir Alceste, Geoffroy, Clotaire et les autres s'animer dans notre salon. Les histoires du Petit Nicolas, pleines d'humour et de tendresse, résonnaient particulièrement à cette époque où je m'adaptais à notre nouveau quartier et à de nouvelles amitiés. Ces moments passés à écouter ma mère lire furent les premiers jalons de mon amour pour la littérature. À travers ces histoires, elle m'enseignait non seulement la joie des mots, mais aussi les leçons de vie cachées derrière chaque page. Elle savait que, tout comme Nicolas naviguait à travers les petites et grandes aventures de son enfance, moi aussi j'avais mes propres défis à relever en m'adaptant à notre nouvelle vie à Paris. Chaque soir, après la lecture, ma mère me bordait tendrement et m'embrassait sur le front, ses yeux remplis d'une douceur infinie. « Fais de beaux rêves, mon petit lecteur », me chuchotait-elle souvent avant d'éteindre la lumière. Et dans l'obscurité douce de ma chambre, je m'endormais avec les images des histoires encore vives dans mon esprit, prêt à rêver de nouvelles aventures littéraires.

Ainsi, ces moments de lecture avec ma mère, dans notre appartement parisien, ont non seulement renforcé notre lien, mais ont aussi ancré en moi un amour profond pour les livres. Chaque histoire lue à cette époque a ajouté une nouvelle brique à l'édifice de ma passion littéraire, faisant de moi le lecteur avide que je suis aujourd'hui.


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